Ce que j'en ai marre des gens qui me font pleurer pour le rien, "apprends", "ressens comme moi", "essaie encore". D'ailleurs ce ne sont pas eux qui me font pleurer, c'est bien moi qui pleure sur moi, en pensant à eux.
Il y a dans mon terrain un champignon, un poulet bruyant, une statue de maillol représentative de ce bras qui s'allonge à vouloir toucher la perfection de ce que l'on se représente pour un corps ; poursuivant, un prunier tombant sous son propre poids, de l'air, de la laque figeant les nuages en pochoirs à ennui lorsque je travaille à une table et pourtant je reste avec cette odeur dans le nez, entre le goudron chaud de la route fraichement refaite et le brûlé d'un poisson oublié depuis trois heures au moins sur une plaque trop huilée.
Au moins, je sais que je ne suis pas chez moi. Est-ce que l'on sait, lorsque l'on est arrivé, que l'on est arrivé ?
Je cotoie des amis qui ne me connaissent pas du tout, qui me prêteraient des nappes vertes pomme et, comme ma soeur, des boules à neige ne m'inspirant que le figé posé là comme la tête empaillée d'un cerf au milieu d'une chambre, les yeux ouverts.
Je cotoie également des gens qui ne me connaissent pas et qui m'offrent leurs savoirs, leur simplicité de parole, petits pains briochés tout juste sortis du four et qui nous font cacher nos mains pour ne pas se brûler.
Est-ce que je suis cette personne aussi incongrue à l'oeil sans couleur s'imaginant toucher ce qu'il ne respire même pas ? sûrement. Mon grand père disait celà qu'en chaque question nous avions déjà notre propre réponse. Est-ce pour autant que la question reste inutile à poser ?
Cette confiance, en l'expérience, petite, qui nous forme, est-elle suffisante ? Bien sûr que non.
Ma première souris s'appelait anatole. Se reconnaissait-elle lorsqu'elle tournait la tête quand je l'appelais ? non, sans doute avait-elle trop de solitude à abattre pour se rappeler à ma voix si elle s'était trouvée dans un champ avec des poulets, des nuages en laque et des odeurs de charbon.
A quoi celà sert-il ? Mon père savait-il ce qu'était le mot "amour" ou était-il juste comme je le crois bien plus attaché au mot "prouver" ou "témoigner", pour l'histoire (histoire et non Histoire). Il me lirait il me frapperait tellement j'ai ridiculement raison de noter la différence.
Il est peut être là, le mot : ridicule. Eli, eli, lama sabachtani ? ou est-ce moi-même qui m'abandonne ?
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